Découvrir ces techniques de traitement des traumatismes
L'EMDR est une technique novatrice pour traiter de nombreux traumas. Loin d'être seule sur le "marché", elle a été rejointe par d'autres techniques. Mais sont-elles similaires ? Quelle est la plus efficace ? Eléments de réponse.
La naissance de l'EMDR et son efficacité pour les traumatismes
Tout commence par une promenade, de celles qu'affectionnait Francine Shapiro dans les années 1980, en 1987 pour être précis. Sans doute faisait-il beau ce jour là et cette psychologue et psychothérapeute américaine devait peut-être songer au cancer qui lui avait été diagnostiqué une dizaine d'années plus tôt. En se promenant dans ce bois, la lumière striant les futaies lui faisait balancer de droite à gauche son regard. Sans en avoir réellement conscience, ces mouvements semblaient apaiser la jeune femme prise alors dans ses pénibles pensées.
Étonnée de cette promenade singulière et des effets provoqués par le balancement de son regard, Francine Shapiro commence alors à s'intéresser à ce phénomène et commence à mettre au point, entourée de volontaires, des procédures visant à recréer l'état qu'elle avait connu.
Le fruit de ses recherches paraît en 1989 dans le Journal of Traumatic Stress. L'EMDR est née.
Cet acronyme, pour Eye movement desensitization and reprocessing ( désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires ) explique un mécanisme qui, a ce jour, n'est pas encore totalement expliqué. Les recherches continuent sur cette technique et les mouvements de balayages qu'induit le thérapeute face à son sujet. De récentes études semblent indiquer que les mécanismes mis en œuvre sollicitent certains parties de la mémoire et ressemblent à l'analyse à des plongées en sommeil paradoxal.
Si l'efficacité de l'EMDR en tant que thérapie a été souvent discutée, son approche pour les traumatismes semble en revanche faire consensus et l'Organisation Mondiale de la Santé a reconnu cette technique comme efficace en 2013.
L'EMDR néanmoins, reste la création de Francine Shapiro, et la psychologue est très regardante sur qui peut se prétendre praticien de cette technique.
De fait, pour bénéficier du sceau « officiel » de l'EMDR, il faut passer par une structure agréée fournissant une formation reconnue par l'association EMDR France ( www.emdr-france.org ), réservée aux professionnels de santé.
Pour dépasser ce cadre que certains trouvent étroits, d'autres techniques ont alors vu le jour. Deux des plus connues sont le RITMO et la DNR.
EMDR, RITMO, IMO, DNR... Est-ce la même chose ?
Développée par Lili Ruggieri, psychothérapeute parisienne qui s'inspire de la méthode développé par Francine Shapiro en lui ajoutant des techniques issues de l'hypnose. Le dialogue avec le sujet est alors plus important qu'avec un travail issu de l'EMDR classique, le thérapeute étant là pour ménager des pauses favorables à certains échanges, à certains feedbacks.
L'IMO ( Intégration des Mouvements Oculaires, aussi connue sous son acronyme anglais EMI pour Eye Movement Integration )
Il utilise les présupposés de la PNL, c'est à dire de la programmation neuro-linguistique pour augmenter l'efficacité des mouvements oculaires issus des découvertes de Francine Shapiro. Créé par les Américains Connirae et Steve Andreas en 1989 et perfectionnée par la psychologue québécoise Danie Beaulieu, cette technique, on l'aura compris, est un perfectionnement de l'EMDR.
Les mouvements oculaires sont également différents, alors que l'EMDR va favoriser des mouvement similaires, contrôlés par le thérapeute, les mouvements en IMO/EMI seront plus à même d'être accompagnés par le sujet. Les mouvements, d'ailleurs, dans la première technique, sont généralement les mêmes alors qu'ils peuvent être variés dans le cas de la seconde.
Vous l'aurez compris, si l'on devait absolument faire une distinction, la première technique s'appuie sur de l'hypnose et la seconde sur de la PNL
Le DNR (Deep Neural Repatterning, que l'on pourrait traduire par Restructuration Profonde du Système Neurologique).
Technique proposée par une école de psychothérapies française, Psynapse. Elle se veut plus concentrée et plus « ramassée » en termes de techniques que ses homologues tout en étant aussi efficace. Travaillant également sur les mouvements oculaires, le DNR peut accompagner, au fil de séances parfois longues, le sujet dans nombre de traumas. En cela, elle se conçoit comme ayant un spectre d'action plus large.
Comparaison des techniques et conclusion sur ces techniques
Pour autant, ces différentes techniques empruntent largement aux travaux de Francine Shapiro et leur efficacité est somme toute équivalente. Certes, quelques subtilités peuvent les différencier mais elle s'avèrent être toutes les feuilles d'un même arbre.
Très concrètement, un thérapeute qui ne pourrait faire d'EMDR pour les raisons citées plus haut pourrait trouver son bonheur dans les autres techniques citées. Elles recouvrent sensiblement le même horizon.
Quant au sujet, au patient ou au client qui ne saurait choisir, peut-être pourrait-il simplement dialoguer avec son thérapeute. Car, malgré tous les noms et les acronymes ce ne sont que des outils , et le meilleur des outils ne vaut rien sans le praticien qui le manie.
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